Les outils du forgeron de l’antiquité à aujourd’hui

L’un des talents de l’être humain qui le différencie de l’animal est l’utilisation de l’outil, mais surtout, la faculté de fabriquer des outils. Or, c’est le feu qui permit de libérer l’homme, non seulement en lui permettant de se chauffer et de cuire ses aliments, mais aussi de fabriquer des objets plus résistants, comme la poterie d’abord, puis le travail du métal.

 

Les origines de la forge

Ce n’est pas un hasard si les grandes périodes de l’humanité sont divisées par la maîtrise des différents métaux. Ainsi, nous sommes passés de l’âge de pierre à l’âge du bronze, puis à celui du fer. Cette évolution s’est faite autour d’un contrôle de plus en plus fin du feu et des foyers, et intrinsèquement, des températures que l’on pouvait atteindre, et donc, des métaux que l’on pouvait modeler à volonté.

Dès la préhistoire, les hommes se sont rendu compte que le feu pouvait être le pire des ennemis, mais aussi le meilleur des amis. Le feu mythique et symbolique devient le feu protecteur et constructeur.

Ainsi, en brûlant la pointe d’une lance, on rendait le bois plus dur, augmentant ses chances de pénétrer le cuir épais des animaux sans que se casse la lance.

Mais la vraie révolution vint avec la découverte du métal. 5.000 avant J.-C. Le cuivre est alors abondant, se trouve facilement en surface et surtout, commence à fondre aux alentours des 1.000 degrés. Or, à cette époque, on savait déjà construire des fours qui permettaient d’atteindre des températures proches, et donc de pouvoir façonner le métal à volonté.

 

La forge pendant l’antiquité

Pendant quasi 2.000 ans, le travail du cuivre va s’améliorer et se répandre, tout d’abord à partir de la vallée de Mésopotamie, puis à travers tout l’orient et jusqu’en Europe et en Asie. Le métal va ainsi connaître un essor croissant et être de plus en plus utilisé, que ce soit pour les armes (pointe de lance ou de flèche, épée, boucliers et armures) mais aussi pour les bijoux. L’or et l’argent vont également pouvoir être finement ciselés, purifié et ainsi servir à faire des parures de grandes qualités généralement réservées aux plus riches. L’Égypte est alors à la pointe de ces techniques comme le prouvent les vestiges retrouvés depuis.

 

Du cuivre au bronze puis au fer

Ce sont les développements des techniques de chauffe qui vont permettre de travailler de mieux en mieux les métaux. À partir de 3.000 ans avant J.-C. On va découvrir qu’en mêlant de l’arsenic ou de l’étain, on obtient un alliage beaucoup plus résistant et malléable : le bronze.

Au-delà de toutes ses utilisations, le développement du bronze va aussi de pair avec celui des monnaies qui remplacent peu à peu le troc, et vers une spécialisation des métiers.

C’est aussi l’émergence de la métallurgie et de la forge. Dorénavant, savoir travailler le métal devient un métier à part entière et ces connaissances sont de plus en plus recherchées. Le métal sert aussi à fabriquer des outils de toutes sortes, et avec le développement des villes, le métal prend peu à peu de plus en plus de place jusque dans l’architecture.

Le métal est alors fondu, coulé ou moulé, puis travaillé à froid avec des ciseaux, des poinçons et autres marteaux.

À partir du 8e siècle avant J.-C., c’est le fer qui va commencer à être travaillé. Plus dur que le bronze, il a de plus l’avantage d’être très ductile, donc il n’y a plus besoin de le faire fondre pour le couler, mais il peut être travaillé et martelé à volonté.

Les forgerons doivent se réinventer et leurs outils évoluer aussi. Pour pouvoir tenir le métal que l’on travaille à chaud, des tenailles vont être créées et surtout, les deux outils les plus emblématiques du forgeron : l’enclume et le marteau en fer.

 

Les Gaulois et la maîtrise du métal

Ce sont les grecs et les romains qui vont les premiers développer le travail du fer. Le fer forgé va radicalement changer le paysage urbain, mais aussi permettre de réelles avancées comme le cerclage des roues et l’ancêtre du fer-à-cheval, qui n’est pas encore cloué au sabot.

Mais avec le temps, ce sont les Gaulois qui vont se faire remarquer par leur maîtrise de la forge et vont faire évoluer à la fois la forge et l’enclume.

Jusqu’à lors, les forgerons travaillaient principalement assis sur une enclume en bois ou en pierre, mais les Gaulois vont poser l’enclume sur un billot de bois, afin de mieux amortir les chocs et de travailler debout pour avoir plus de force. Puis ils vont utiliser des enclumes en fer, de différentes tailles, selon leurs besoins.

 

L’importance des forgerons au Moyen-âge

Le travail du fer va peu évoluer avec le temps, et les outils des forgerons du Moyen-âge ressemblent fortement à ceux de l’antiquité, et n’évolueront plus jusqu’à aujourd’hui. Les pinces, marteaux, ciseaux, griffes et autres masses vont se diversifier et s’affiner. Mais c’est surtout le rôle du forgeron qui va prendre de plus en plus d’importance. Aucun village ne pourra se développer sans son professionnel du métal. Avec l’apparition du fer-à-cheval, le forgeron devient aussi maréchal-ferrant et totalement vital. Les évolutions vont alors surtout toucher les forges, de plus en plus efficientes, et surtout les matériaux utilisés. Le bois ne sert plus, on utilise alors essentiellement du charbon de bois, mais surtout la houille.

 

La disparition du forgeron

Avec la révolution industrielle, le rôle des forgerons va décliner puis disparaître quasiment complètement, et ne se cantonnera qu’à la forge d’art et la fabrication de fers. La véritable avancée que va alors connaître le métier est la forge à gaz, qui permet une chauffe immédiate, sans résidus et homogène sur toute la pièce à forger.

 

Ainsi, les outils des forgerons n’ont que peu évolué depuis quasiment 2 millénaires. Ils sont certes plus fins et plus solides, et les forges sont plus efficaces, permettant de monter plus haut en température, mais le cœur de métier n’a pas changé, et d’ailleurs, c’est aujourd’hui ce que recherchent à la fois les clients et les forgerons : des objets fabriqués traditionnellement avec une véritable valeur ajoutée.

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